Signer ne suffit pas
dimanche 01 avril 2018 | ActualitésDossier don d'organes et de tissus : il faut aussi en parler à ses proches
Environ 90 % des Québécois se disent en faveur du don d’organes et de tissus, mais seulement 4 personnes sur 10 ont officialisé leur décision aux registres de la Régie d’assurance maladie du Québec (RAMQ) ou de la Chambre des notaires du Québec. Étonnamment, pour la majorité, les volontés à l’égard du don d’organes et de tissus n’ont jamais fait l’objet d’une discussion entre la personne et ses proches.
« L’une des raisons qui expliquent le refus des familles devant le don d’organes et de tissus de leur proche décédé est qu’elles ignorent ses dernières volontés. L’an dernier, en Estrie, 63 % des familles ont ainsi justifié leur refus. » Annie Chouinard, infirmière-ressource en dons d’organes pour le CIUSSS de l’Estrie – CHUSBenoit Lefebvre, père d’un jeune donneur, confirme : « Il faut avoir mené la réflexion avant que la situation ne se présente. Quand ça arrive, sur le coup, c’est beaucoup trop difficile. On vit tellement d’émotions », explique ce père qui a accepté de donner les organes de son fils de 8 ans décédé tragiquement.
Respecter les dernières volontés
Bien qu’une personne puisse décider avant son décès de donner ses organes et ses tissus, les équipes de soins souhaitent toujours obtenir le consentement de la famille. C’est elle qui a le dernier mot. « De notre côté, on regarde dans les registres et sur la carte d’assurance maladie pour connaître la volonté de la personne et en parler avec la famille. Mais parfois, il n’y a rien. Les gens doivent alors faire un choix en ignorant le souhait de leur proche. Avec toutes les émotions en jeu, c’est plus difficile pour la famille », explique Annie Chouinard. Pourtant, quand une personne a pris position sur le don d'organes et de tissus avant son décès et qu'elle a discuté de son choix avec ses proches, cela facilite grandement la décision pour la famille. C’est le cas de Martine Ouellet. Son fils de 21 ans est décédé après que sa voiture soit entrée en collision avec un camion. L’événement s’est passé il y a 14 ans, mais la douleur est toujours bien vive.S’accrocher à une étincelle de beauté
Rencontre avec Martine Ouellet qui se remémore le décès de son garçon, parti dans la fleur de l’âge :
« Hugo a été frappé durement à la tête. Il a eu un traumatisme crânien sévère et beaucoup de saignements. On s’est rendu à l’hôpital où on a rencontré une équipe qui a vraiment bien pris soin de nous. Quelques jours plus tard, on nous a annoncé qu’Hugo n’allait pas s’en sortir, qu’on allait le perdre. Ses organes étaient sur le point de cesser de fonctionner. Mon conjoint et moi nous sommes dit que si on l’aimait, il fallait le laisser partir. »Finalement, Hugo n’a pas pu donner ses organes, car il ne répondait pas à tous les critères. Mais il a pu faire un don de tissus, en léguant ses cornées. Quelques semaines plus tard, Martine a eu la confirmation que les greffes étaient réussies. Grâce au geste d’Hugo, deux personnes ont retrouvé une qualité de vie. À cette pensée, la maman d'Hugo est remplie de fierté pour son fils.
Trois façons de signifier votre consentement
- Signez l’autocollant et apposez-le au dos de votre carte d’assurance maladie.
- Signez le formulaire Consentement au don d’organes et de tissus de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).
- Faites inscrire votre consentement au Registre des consentements au don d’organes et de tissus de la Chambre des notaires du Québec.
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