Thème 4 : Gestion du stress et des émotions

*Ce contenu théorique a été élaboré en collaboration avec le Centre RBC d'expertise en santé mentale

BIEN COMPRENDRE LE STRESS ET L’ANXIÉTÉ

Le stress est un système d’alarme qui est tout à fait normal et même nécessaire chez l’être humain. C’est une réaction du corps devant une menace. S’il est bien dosé, il nous permet de nous mettre en action et de nous adapter à toutes situations. C’est utile pour notre survie!

Un stress bien dosé nous permet de performer. Toutefois, un manque de stress ou trop de stress ont des effets négatifs sur une personne.


L’anxiété, quant à elle, se présente lorsqu’une personne imagine le pire d’une situation future. En fait, elle a peur de ce qu’elle imagine comme scénarios catastrophiques. Une situation n’a pas besoin d’être réelle pour faire vivre une réaction d’anxiété et mettre notre système en hyper vigilance. L’anxiété peut être normale. Elle devient problématique lorsqu’elle a des effets négatifs sur le fonctionnement de votre jeune et qu’elle entraîne de la détresse. 

Comment aider mon ado à mieux gérer son stress et son anxiété?

1- Maintenir une relation de confiance

Écouter et normaliser 

  • Prenez au sérieux ce que vit votre jeune. La peur est réelle pour lui donc éviter de banaliser.
  • Expliquez que ce qu’il ou elle vit est normal : ce que tu ressens est inconfortable mais c’est normal et ce n’est pas dangereux.
  • Posez des questions et écoutez, ne cherchez pas à tout prix une solution à ses peurs. Il ou elle a souvent juste besoin d’être entendu et compris. 
  • Choisissez un bon moment pour discuter avec lui ou elle, où vous êtes calme et disponible.

2- Accompagner et soutenir

Identifier les comportements d’évitement

L’évitement est une stratégie utilisée pour ne pas vivre l’inconfort d’une situation. Parfois, une réaction d’anxiété nous fait vivre un sentiment très inconfortable, il est donc normal de chercher à l’éliminer le plus rapidement possible. C’est une façon tout à fait naturelle et humaine de reprendre le contrôle de la situation. 

Bien que l’évitement provoque un soulagement rapide, il vient augmenter notre réaction d’anxiété à plus long terme. Pourquoi? 

  • Parce qu’il ne nous permet pas de développer des stratégies efficaces pour affronter les prochaines situations anxiogènes (il y en a plusieurs dans la vie); 
  • C’est comme si on confirmait à notre cerveau qu’il y avait un réel danger dans cette situation qui est bien souvent non réelle;
  • Elle nous fait croire que nous sommes incapables d’y faire face. On perd graduellement notre confiance en soi, donc on devient de plus en plus anxieux.

Accompagner dans l’exposition

Il est important d’encourager votre ado à faire face aux situations qui le rendent anxieux. On appelle cela « l’exposition aux situations de stress ».

Comment je peux l’aider :

  1. Normaliser et rassurer : « je comprends ce que tu ressens, c’est inconfortable mais ce n’est pas dangereux ».
  2. L’encourager à faire des petits pas : J’ai confiance que tu peux y arriver, quelle est la plus petite action que tu peux réaliser pour atteindre ton objectif final? 
  3. Choisir des moyens : On leur demande de réfléchir et nommer des moyens qu’il ou elle connait pour arriver à se sentir mieux dans la situation anxiogène. Revisitez les évènements difficiles qu’il ou elle a déjà surmonté, qu’est-ce qui a été gagnant, quels sont les moyens qui l’on aidé à relever ces défis. 
  4. Travailler les pensées et les perceptions de votre jeune : Voir la vidéo présenté par le Centre RBC 

► Document « travail sur les pensées »

Diminuer vos comportements d’accommodation parentale

L’accommodation parentale consiste à modifier son comportement parental dans le but de prévenir ou de réduire la détresse de votre jeune associée à l’anxiété. Lorsqu’on accepte et tolère les comportements d’évitement de notre ado, on est en plein dans l’accommodation parentale ! 

  • Par exemple : 
    • Motiver l’absence de notre jeune qui refuse d’aller à l’école (ex. : « pour ce matin c’est ok, repose toi et ça ira mieux demain »).
    • Chercher à tout contrôler dans la vie de votre ado (horaire de travail, choix d’amis, études, etc.). 

Est-ce normal de faire de l’accommodation? Bien sûr que oui! 

Un des rôles principaux du parent est de protéger ses enfants. Donc, il est normal que l’on cherche à lui éviter des émotions difficiles ou un état de détresse. La plupart du temps, l’accommodation parentale part d’une bonne intention, on cherche à l’aider mais parfois on cherche aussi à se rassurer comme parent. 

Les imprévus, les échecs, les déceptions font partis de la vie, il ou elle doit développer sa capacité d’adaptation face aux situations adverses. Investissez-vous dans la vie de votre jeune, mais pas trop! 

Accompagner votre jeune dans l’adoption de saines habitudes de vie

  • Avoir un sommeil réparateur ;
  • Adopter une saine alimentation;
  • Diminuer les sources de pression, évitez de surcharger l’horaire;
  • Bouger, faire de l’exercice;
  • Réduire les temps d’écran;
  • Avoir du plaisir en famille, rire et s’amuser bien simplement;
  • Prendre soin de son réseau social, bien s’entourer;
  • Intégrer des stratégies de gestion du stress au quotidien à la maison : Yoga, respiration, relaxation, pleine conscience, arts, contact avec la nature, etc.

Agissez en modèle et montrer l’exemple

  • Affronter vos propres situations anxiogènes et partagez lui vos stratégies gagnantes ;
  • Accepter de faire des erreurs et exprimez lui;
  • Parlez de vos émotions pour les normaliser;
  • Adoptez de saines habitudes de vie;
  • Gérer votre propre stress! Votre stress peut exacerber celui de votre enfant tandis que votre confiance augmentera la sienne;
  • Prenez soin de vous-même, allez chercher de l’aide pour vous au besoin. 

3- Encadrer et superviser

Offrez-lui un environnement prévisible et sécurisant

L’application de règles claires, prévisibles et constantes permet à votre adolescent ou adolescente de se sentir plus calme et moins anxieux. Savoir ce qui nous attend, connaitre les limites de nos parents et se préparer aux situations nouvelles nous apaise et nous rend plus disponible à affronter le stress. 

4- Prévenir, désamorcer et intervenir

Soyez à l’affût des situations qui peuvent stresser votre jeune. Par exemple, un changement important, la perte d’un ami, une situation imprévue, une déception. Dans ces moments :

  • Encouragez votre jeune à prendre soin de lui ou d’elle, à observer ses propres signaux d’alarme dans les moments de stress et ses réactions. 
  • Aidez à dédramatiser sans l’invalider. 
  • Soyez présent, valider ce qu’il ou elle vit. Votre jeune cherche souvent à se montrer fort et en contrôle jusqu’à ce qu’il ou elle n’arrive plus à supporter la pression. 
  • Laissez-lui l’espace pour se calmer si c’est ce qu’il ou elle a besoin.

5- Conséquences – arrêt d’agir

Le fait de vivre un stress n’est pas une excuse pour adopter un comportement inacceptable (ex. : crier après son parent, s’opposer à une tâche, être agressif envers sa sœur, etc.). Ces réactions inappropriés peuvent être des indicateurs que quelque chose ne va pas, que votre jeune n’arrive pas à contrôler l’intensité du stress ou des émotions qu’il ou elle vit. Toutefois, elles ne doivent pas être tolérées, car votre jeune doit développer des stratégies adéquates pour s’exprimer. Il est donc important de maintenir vos limites et votre cadre familial, une conséquence ou un geste de réparation peut et doit s’appliquer s’il adopte des comportements inacceptables. 

Gestion des émotions chez l’adolescent

Rappelons-nous que la période de l’adolescence est souvent accompagnée d’émotions intenses et parfois même contradictoires. Cette hypersensibilité apporte un réel défi pour votre jeune et il ou elle a besoin de prendre un peu plus d’autonomie dans la gestion de son monde émotif. Vous demeurez la personne de confiance pour le supporter dans cet apprentissage.

1- Maintenir une relation de confiance

Parler de ses émotions n’est pas toujours une tâche facile pour plusieurs adolescents. S’il ou elle se sent écouté et non jugé par son parent, c’est beaucoup plus facile.

2- Accompagner et soutenir

L’adolescence peut vous faire vivre à vous aussi comme parent une montagne d’émotions. Prendre soin de vous est primordial et aura un impact sur votre propre bien-être, mais aussi sur celui de votre ado.


Dans l’intensité de l’émotion, permettez-vous un temps d’arrêt si vous ne vous sentez pas en contrôle pour intervenir. Avertissez votre jeune que vous vous retirez quelques minutes le temps de prendre quelques bonnes respirations. 


Une fois calme et disponible,  voici comment accompagner votre ado :

  1. Écouter sans interrompe. 
  2. Accueillez les émotions de votre jeune et soyez empathique.
  3. Leur donner un moment pour se calmer. 
  4. Une fois qu’il est disponible, aidez-le à trouver des mots pour exprimer ce qu’il ou elle vit. 
  5. Conclure de façon positive.
     

3- Encadrer et superviser

Soyez clair dans vos attentes, règles et conséquences attendues. Si c’est prévu, les réactions émotives sont moins intenses et il devient plus facile pour votre jeune de se responsabiliser.

4- Prévenir, désamorcer et intervenir

Votre ado arrive difficilement à gérer ses émotions, l’intensité augmente et il ou elle perd souvent le contrôle? Revisitons les concepts d’évitement, d’accommodation parentale et d’exposition, cette fois en abordant la gestion des émotions (vous référer à la section gestion du stress pour comprendre les concepts au besoin).

 Évitement du jeune Accommodation parentale Accompagner vers l’exposition
 

Les émotions sont très inconfortables et anxiogènes.

Cherche rapidement une source de soulagement pour ne pas vivre l’émotion.

Utilise des stratégies gagnantes et rapides pour lui : crier, menacer, agresser, responsabiliser les autres, refouler ou nier l’émotion.

Si l’entourage accepte et tolère les stratégies d’évitement du jeune (accommodation) il y a un retour au calme rapide.

 

Inconfort face à l’émotion de mon jeune : je me sens coupable, responsable, anxieuse, je crains de perdre la relation avec lui.

Utilise stratégies pour soulager rapidement : 

  • abandonner la conséquence ou exigence prévue.
  • rigidifier/resserrer les règles pour garder le contrôle sur lui.
  • éviter d’en parler. 

Retour au calme rapide.
 

 

Jeune vit une émotion : le parent l’accueille et normalise ce qu’il vit.

Responsabilise le jeune : c’est ta colère et non la mienne. Met des mots sur son vécu.

Maintien ses exigences, règles.

Lui fait confiance : je comprends que c’est difficile, tu es capable de trouver un moyen pour te sentir mieux, peut lui en suggérer.

Le retour au calme se fait de plus en plus rapidement.
 

 IMPACTS IMPACTS IMPACTS
 

Peu d’occasion pour développer des stratégies de gestion des émotions par lui-même.

Augmentation de l’intolérance face à son émotion : de plus en plus impulsif et réactif.

Nuit à ses relations familiales et sociales : se déresponsabilise et favorise des relations de type fusionnelles (j’ai besoin des autres pour gérer mes émotions).

Impact défavorable sur sa confiance personnelle : peu fier de lui dans ses réactions.

Défi important dans la gestion de ses émotions à l’âge adulte : milieu de travail, réseau social, relation amoureuse.

Détresse du jeune, risque de développer des problèmes de santé mentale.

 

Encourage la déresponsabilisation du jeune dans le vécu de ses émotions. « Je vais me calmer si tu fais ce que je veux ».

Jeune arrive à croire que ses réactions sont expliquées par les actions de l’autre (je suis violent car tu m’empêches de voir ma blonde ce soir).

Augmentation de la culpabilité, inquiétudes, anxiété ou insécurité dans votre relation parent-jeune.

Climat familial tendu.

Impasse relationnelle parent-jeune.

Épuisement parental.

Risque de coupure relationnelle entre le parent et son ado.

 

Apprend à gérer par lui-même ses émotions.

Se responsabilise dans les actions qu’il pose pour gérer ses émotions.

Sentiment que ses émotions sont normales et qu’il est capable de les contrôler.

Se sent de plus en plus en confiance, développe une bonne estime personnelle.

Améliore la qualité de ses habiletés sociales.

Relations familiales et sociales satisfaisantes.

Facteurs de protection dans le développement d’une santé mentale saine.

5- Conséquences – arrêt d’agir

Votre ado ne répond pas bien à vos interventions et il ou elle continu de réagir fortement, devient de plus en plus en colère, est agressif physiquement et vous avez peur de lui ? 

Partager