Thème 5 : La gestion des comportements perturbateurs

Gérer les comportements perturbateurs : quand et comment?

L’enfant a besoin d’un cadre, d’un adulte qui prend les décisions importantes pour lui afin de se développer sainement. Vivre une conséquence logique permet à l’enfant d’apprendre ce qui est acceptable ou non et de se responsabiliser. Toutefois, plusieurs comportements perturbateurs ne nécessitent pas à l’enfant de vivre une conséquence, mais demandent des interventions préventives de la part du parent. 

Comportements mineurs
Ce sont souvent des avertissements qui nous indiquent que quelque chose ne va pas, que l’enfant a besoin de notre aide pour éviter que son comportement dégénère. 
 

Voici ce que vous pouvez faire :

Rassurer l’enfant

  • Se rapprocher physiquement : bien souvent l’enfant a besoin de proximité, mais ne sait pas comment l’exprimer adéquatement. Le but n’est pas de donner de l’attention aux comportements dérangeants, mais plutôt d‘offrir à l’enfant une simple proximité physique. 
  • Lui démontrer qu’on a bien vu que quelque chose ne va pas : « Tu tournes en rond et tu fais du bruit, d’habitude cela me dit que quelque chose ne va pas ».
  • Nommer l’intention de l’enfant en dessous du comportement : « Je crois que tu aimerais que je m’occupe de toi. Je suis là et on va prendre un temps ensemble pour en parler ». 
  • Si vous n’êtes pas disponible à l’instant, simplement situer l’enfant dans le temps : « Je serai disponible dans 15 minutes, le temps que je termine la vaisselle ». On peut aussi l’inviter à laver la vaisselle avec nous, qui sait !
  • Recadrer ce qui est acceptable ou non : « Tu n’as pas besoin de crier, je suis là pour toi et nous pouvons en parler pour que tu te sentes mieux ».
  • Explorer ce qui rend votre enfant ainsi : « Tu sembles en colère, que s’est-il passé ? ».
  • Faire la distinction entre ce que l’enfant dit et notre perception de la situation : « Tu me dis que tout le monde est nul, mais ça ne serait pas plutôt parce que tu es déçu que ton ami ne soit pas disponible pour jouer avec toi cet après-midi ? ».
  • Si vous n’arrivez pas à trouver le problème, ne vous acharnez pas, misez plutôt sur des moyens pour un retour au calme.

Utiliser des stratégies pour favoriser sa collaboration

  • Identifier des moyens qui calment l’enfant : Si votre enfant cherche votre attention, restez près de lui lorsqu’il ou elle utilise ses moyens pour se calmer. S’il préfère rester seul, laissez-lui son espace. 
    Exemples de moyens que l’enfant peut utiliser pour s’apaiser : 
    • Prendre de grandes respirations ;
    • Allez dans un endroit calme ;
    • Écouter de la musique ;
    • Dessiner ;
    • Écrire dans un cahier ;
    • Faire une activité sportive : marcher, courir, danser, faire du trampoline, de la corde à sauter, etc. ;
    • Tordre des objets mous ;
    • Prendre un toutou lourd ;
    • Parler à quelqu’un de confiance.
  • Rediriger ou distraire : changer le sujet de conversation, utiliser l’humour, l’occuper, lui demander de choisir un autre jeu, lui demander de s’éloigner de son frère ou de sa sœur entre autres.
  • Donner un délai : « Je te donne 10 minutes pour réaliser cette tâche. Après, si ce n’est pas fait, il y aura un retrait de privilège jusqu’à ce que tu aies réalisé cette tâche. »
  • Avertir : « La prochaine fois que je dois t’avertir pour (nommer le comportement), il y aura une conséquence. »
  • Donner un faux choix : nommer deux alternatives qui visent le même objectif et qui redonnent du pouvoir à l’enfant. « Préfères-tu faire tes devoirs avant ta collation ou après ta collation ? »
  • Utiliser la technique du disque rayé : répéter la consigne ou la demande en boucle, sur un ton neutre et affirmatif.
  • Employer la technique du 1-2-3 devant l’opposition de l’enfant : couper l’argumentation et la négociation lorsqu’elle n’a pas sa place. 
  1. rappelez le comportement attendu.
  2. 10 secondes plus tard, nommez la conséquence logique à venir.
  3. 10 secondes plus tard, appliquez la conséquence annoncée.
    On répète la consigne à chaque étape. Le décompte 1-2-3 permet à l’enfant de savoir à quoi s’attendre et lui laisse le temps de se mobiliser pour agir.

Comportements majeurs et comportements dangereux
Le comportement majeur n’est pas dangereux, mais est très dérangeant (ex. : crier, insulter, ne pas écouter les consignes à répétition).

Le comportement dangereux est, comme son nom l’indique, dangereux pour la sécurité de l’enfant ou la nôtre (ex. : lancer des objets, frapper, faire des menaces).

Les comportements majeurs et dangereux nécessitent une conséquence logique et adaptée à la situation.

Différences entre punition et conséquence

Punition

Elle a souvent peu de lien avec le comportement ou la situation. Elle vise principalement la peur d’être puni à nouveau : « j’obéis parce que j’ai peur des punitions ». Bien souvent, les punitions sont données à l’enfant sous le coup de la colère du parent et même parfois sous forme de vengeance (on veut que l’enfant paye pour ce qu’il a fait). 

Parce que l’enfant ne se sent pas respecté dans la réaction du parent, cela peut avoir comme effet d’augmenter sa colère et son désir d’opposition. De plus, la relation peut dégénérer en guerre de pouvoir et l’enfant peut se percevoir négativement (« Je suis une mauvaise personne, car on me punit sans arrêt »).

Conséquence

Résultat logique du choix ou du comportement de l’enfant. L’enfant « vit » une conséquence et non le parent « lui donne » une conséquence. L’objectif derrière la conséquence n’est pas de frustrer l’enfant, c’est de lui enseigner à faire des choix et de les assumer. 

Une conséquence peut aussi avoir comme objectif de faire cesser un comportement perturbateur. Par exemple, l’enfant est de mauvaise humeur et manque de respect à sa sœur, on peut donc l’envoyer jouer seul dans sa chambre le temps qu’il retrouve sa bonne humeur. 

IMPORTANT : La conséquence doit être appliquée avec une attitude respectueuse, avec compréhension et empathie, car elle envoie comme message à l’enfant : « tu as le droit de faire des erreurs, tu ne me déçois pas pour autant, mais tu dois en assumer le résultat ». 

  • Conséquence logique : si l’enfant s’oppose durant la période de devoirs et lance des objets, moins de temps lui sera accordé pour jouer avant sa routine du soir.
  • Perte de privilège : le parent pourrait lui retirer 30 minutes de jeux vidéo ou de temps d’écran.
  • Geste de réparation : faire des excuses verbales sincères, faire un dessin, offrir son aide, faire une tâche, réparer l’objet cassé, etc.

Pour plus d’exemples, consultez le site de SOSNancy.

À savoir

  • La conséquence doit être vécue rapidement après le comportement inacceptable.
  • Elle doit être de courte durée pour favoriser le sentiment que l’enfant peut s’améliorer. 
  • La conséquence ne doit jamais diminuer le temps entre le parent et son enfant ou avoir un impact négatif sur la relation. Par exemple, si votre routine du soir prévoit 10 minutes de lecture avec votre enfant, vous le maintenez malgré les comportements de la journée.
  • À la suite d’un comportement perturbateur ou agressif, l’enfant peut avoir besoin d’un temps pour se calmer avant de vivre sa conséquence. 

Votre enfant est en crise et vous craignez pour sa sécurité ou celle des autres 

  • Éloigner les objets dangereux, sécuriser les lieux ;
  • Rester à la vue de votre enfant ;
  • Éloigner les autres membres de la famille s’il y a lieu ;
  • Appeler de l’aide : voisin, proche, service de support psychosocial (811 option 2) ou services de police si vous craignez pour sa sécurité ou celle des autres (911).

Retour avec l’enfant à la suite d’une crise ou d’une désorganisation

Le retour est une étape très importante pour l’enfant. Cela vous permet de communiquer avec lui pour mieux le comprendre et trouver des solutions tout en préservant son estime personnelle. 

  • Aller voir l’enfant et vérifier sa disponibilité émotionnelle pour faire un retour;
  • Lui demander sa compréhension de la situation (voir « Communication » au thème 3);
  • Ne pas insister si votre enfant ne veut pas en parler et nommer le comportement attendu de l’enfant;
  • Vous n’êtes pas fier de vos réactions ou vos interventions envers votre enfant, c’est le temps de lui nommer, de reconnaitre vos gestes et de les assumer; 
  • Définir la suite : geste de réparation, conséquences, etc.;
  • Conclure positivement (ex. : se faire un câlin).

Vos émotions comme parent

Certains comportements chez l’enfant peuvent éveiller des émotions chez le parent. La gestion de vos propres émotions est essentielle pour obtenir des résultats efficaces dans vos interventions. Vous êtes envahi par la colère ou en perte de contrôle, voici ce que vous pouvez faire : 

  • Prenez une pause pour vous retirer quelques minutes ; 
  • Aviser verbalement votre enfant que vous allez vous retirer pour quelques minutes ;
  • Accepter votre émotion et utiliser vos moyens de retour au calme (respiration, méditation, écriture, dessin, etc.) ;
  • Garder l’oreille attentive sur votre enfant s’il est en crise pour éviter qu’il se blesse (ce n’est pas le moment de mettre vos écouteurs) ;
  • Contacter le soutien psychosocial pour vous aider à prendre du recul (811 option 2) 
  • Vous craignez pour votre sécurité ou celle de votre enfant, contactez les services policiers au 911.

Rien ne sert de vous juger, les émotions sont normales, il suffit de prendre le temps de les gérer adéquatement et d’aller chercher l’aide nécessaire. 
Si vous sentez que vous avez besoin d’aide, plusieurs organismes peuvent vous soutenir selon vos besoins. Consulter la liste des organismes de l’Estrie .
 

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